Karzia

Publié le par Gaëlle K. Kempeneers

« As-tu déjà entendu parler de la compagnie du Saule Noir ? »
Je lui jette un regard vide de toute compréhension. Il soupire et fourrage dans sa tignasse poivre et sel.
« C’est où ? Je ne sais même pas où nous nous trouvons ! »
Je me mords les lèvres. Je n’avais pas l’intention de tant en révéler. Le mercenaire cligne des yeux. Ses compagnons se sont rapprochés et semblent tout aussi interdits que lui.
« Mais elle sort d'où cette gamine ? » grommelle l'un d'eux.
Je me rends soudain compte qu'il s'agit d'une femme. Sa capuche lui mange la moitié du visage et elle porte des braies comme un homme. D'où ma confusion.
« Nous sommes des mercenaires. Le Saule Noir, c'est le nom de notre compagnie. »
Elle a rejeté la tête en arrière, se découvrant. Ses cheveux noirs frisottent autour d'un ovale si parfait que je me sens soudain jalouse. Elle n'est pas vraiment belle. Son nez est trop grand, sa bouche trop petite pour être vraiment jolie. Mais il se dégage d'elle une telle assurance que nul n'oserait lui jeter ses défauts à la face.
« On n'a jamais trop de mages et ce gros bourrin d'Erioth aimerait t'engager parmi nous... Sans nous demander notre avis ! » ajoute-t-elle en flétrissant le géant du regard.
Ce dernier prend un air vaguement peiné.
« Tu l'as vue comme moi, Karzia ! » proteste-t-il. « Elle m'a envoyé valser comme rien ! Sans même une pierre focale ! »

 

(...)

 

(Contexte : Karzia et Sigill réconfortent Siobhan qui s'écroule...)

 

Ces deux femmes qui ne me connaissent pas ont resserré les rangs autour de moi et prennent soin de moi comme d’une petite sœur égarée. Même si Karzia et moi nous sommes opposées lors de notre rencontre, elle se montre, à présent, sous un tout autre jour. Comme si au fond, elle m’aimait bien… ou du moins, comme si je lui inspirais de la compassion. Je me sens soudain débordante de reconnaissance envers elles. Elles ne me doivent rien, pourtant, elles me sauvent sans même le savoir. Les larmes qui coulent désormais sur mes joues ne sont plus de chagrin mais de gratitude. Mon corps épuisé me trahit alors et je sombre dans l’inconscience.

Publié dans CGR : La Dame d'Aruna

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